COURT-METRAGE : LES ELEMENTS DU SCRIPT

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N’importe qui peut écrire. Que ce soit un court-métrage ou non, n’importe qui peut écrire. Ce n’est pas facile, certes, mais ce n’est pas une raison pour refuser d’écrire. Certains ont certainement plus de talent que d’autres mais est-ce vraiment une raison suffisante pour ne pas commencer à écrire ?
On peut apprendre à écrire. Le but de www.scenarmag.fr est tout à fait cela : vous expliquez la théorie, les trucs et astuces pour écrire un court-métrage ou un script de 120 pages. Les différences entre les deux sont minimes mais doivent être cependant connues. Nous sommes là pour vous aider à comprendre et vous donnez l’envie d’écrire.
Un script est un puzzle. Avec obstination et patience, vous assemblez les morceaux du puzzle. Parfois, ce sera la page blanche, tous les auteurs connaissent ces moments douloureux. Ne vous laissez pas rebuter par elle, la réponse viendra d’elle-même au moment où vous vous y attendez le moins.

Vous trouverez les explications les plus diverses sur Scenar Mag quant aux différents morceaux du puzzle. Ces informations devraient vous aider à assembler votre histoire, à vous guider parmi la multitude de chemins qui s’offre à vous lorsque vous serez dans votre processus d’écriture proprement dit.

Toutes les techniques que vous pourriez découvrir pour l’écriture d’un script ont pour but d’engager émotionnellement le lecteur dans votre histoire, de maintenir son attention rivée sur elle afin qu’il est envie de voir ce qui va se passer.

L’une de ces techniques est l’intrigue.

L’intrigue est une série d’événements liés entre eux afin de leur apporter une signification au niveau de l’histoire prise comme un Tout (Overall Story Goal selon la terminologie de Dramatica).
Les scènes décrivant un événement sont regroupés en séquence. Chaque séquence soulève une question dramatique et y apporte sa propre réponse. Ces questions dramatiques sont différentes de la question dramatique centrale posée par l’histoire mais s’y rapporte toutes.

Lorsque nous nous sommes relus, il nous est apparu que le paragraphe précédent était pour le moins obscur. Tentons de le reformuler :
Avant de vous lancer dans le processus d’écriture proprement dit, il serait bon de planifier votre histoire afin d’en dégager une structure.
Cette étape de la planification est indispensable afin de comprendre ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas et de trouver la meilleure façon de raconter votre histoire pour qu’elle impacte émotionnellement et viscéralement votre lecteur.

Votre histoire conte une série d’événements. Ces événements sont composés de scènes, il s’agit donc d’une séquence de scènes décrivant un événement. Lorsque vous planifiez votre histoire, vous déterminez les événements successifs sans entrer dans le détail des scènes qui décrivent un événement spécifique.
Ces événements correspondent aux Story Events de la littérature anglo-saxonne. Par exemple, lors d’une course-poursuite, chaque lieu impliqué par cette poursuite est techniquement une scène mais le Story Event (ou événement) est la course-poursuite elle-même. Vous planifiez donc une course-poursuite au cours de votre histoire mais sans entrer (pas avant le processus d’écriture ou de réécriture) dans le détail des scènes qui vont visuellement montrer cette course-poursuite.

Maintenant, cette séquence de la poursuite soulève une question dramatique : supposons que votre héros poursuit le méchant. La question posée par la séquence est de savoir si le héros rattrapera le méchant. La réponse est donnée à la fin de la séquence.
Cette course-poursuite n’est pas arrivée par hasard dans votre histoire. Si le héros poursuit le méchant, c’est parce que dans la séquence précédente, le méchant a, par exemple, braqué une banque où le héros se trouvait. S’il s’y trouvait, ce n’est pas une coïncidence non plus.
Puis le méchant a peut-être pris en otage la femme ou le fils du héros ce qui a considérablement motivé ce dernier pour se lancer à sa poursuite. Et ainsi de suite. Il y a toujours un lien de causalité entre les événements, l’un émanant du précédent.

Prenons un exemple :
Time Traveller Lover de Elisha Yaffe (dirigé par Bo Mirosseni)

Voici ce qu’aurait pu être le plan :
1. Matt et Hannah entrent précipitamment dans l’appartement.
Lèvres soudées, Matt et Hannah pénètrent dans l’appartement plongé dans la pénombre. Ils échouent sur le sofa. Leurs mains cherchent confusément à se déshabiller l’un l’autre.

2. Un Matt du futur (3 semaines) fait son apparition et vient perturber les ébats de Matt et Hannah
Un Matt du futur (3 semaines plus tard) leur explique que le voyage dans le temps a été inventé le lendemain du présent Matt et qu’il est intervenu pour briser cette relation qui brisera le cœur du présent Matt et en fera le Matt de trois semaines (ce à quoi cherche à échapper le Matt de trois semaines).
Après cette nuit, Hannah contre toute attente, va rompre le contact avec Matt. Sous l’influence du Matt du futur, Hannah confessera à Matt du présent qu’elle craignait qu’il l’aime moins qu’elle ne l’aime.
Facebook est un des thèmes abordés dans cette séquence. Matt, désespéré de ne plus avoir de nouvelles de Hannah s’est servi de Facebook pour reprendre le contact. Son profil n’étant plus mis à jour, il a envoyé des messages à quelques uns de ses amis dont Carla. Hannah et le Matt de 3 semaines plus vieux  reprennent le slogan de Facebook à leur  compte : Connaissez-vous … ? Envoyez-lui un message.
Elisha Yaffe se sert du concept de Facebook (plus pertinent qu’un site de rencontres) pour expliquer la fragilité des rencontres via le net. La relation qui n’a que deux semaines entre Matt du présent et Hannah est probablement une relation virtuelle sur le net et la nuit qu’ils s’apprêtaient à vivre était probablement leur première nuit. Le problème soulevé par Yaffe est qu’une relation virtuelle ne permet pas de découvrir les vraies émotions et sentiments d’une rencontre physique entre deux êtres.
Hannah et Matt du présent ont apprécié cette première nuit mais Hannah s’est effrayée de ses propres sentiments envers Matt pensant que celui-ci ne serait peut-être pas sincère d’où sa rupture.

3. Apparition du Matt vieux de 3 mois
Un Matt de trois mois plus tard intervient. Elisha Yaffe a tenu compte dans son script que celui-ci avait les souvenirs non seulement du Matt du présent mais aussi de celui du Matt de trois semaines. C’est la raison de sa ligne de dialogue lors de son introduction lorsqu’il s’adresse à la fois au Matt de trois semaines en lui annonçant qu’il est lui-même 9 semaines plus tard et au Matt du présent en lui confirmant qu’il est lui-même mais 3 mois plus tard.
Alors que la blessure du Matt de trois semaines est encore vive, le Matt de trois mois a eu des nouvelles d’ Hannah qui s’est confié à lui lors d’une nuit de déprime et qui lui a expliqué que son comportement était dû à cause de son ex petit ami Dustin.
Le Matt du présent est plus confiant dans sa relation naissante avec Hannah. La tentative du Matt de 3 semaines a échoué. Leur relation va continuer ainsi que le prouve la marque de tendresse du Matt de trois mois envers Hannah.

4. Un Matt 10 ans plus tard fait irruption.
Dès son arrivée, il avertit assez durement le Matt du présent de ne pas écouter le Matt de trois mois. Le Matt 10 ans plus tard est Matt qui a vécu ces 10 années avec Hannah et qui confirme que Hannah est complètement dingue.
L’échec de leur vie commune (ainsi qu’un enfant suicidaire) sera alors dévoilé par une mise à plat paradoxal entre un Matt de 10 ans et une Hannah du présent.

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