CONSTRUIRE LA LIGNE DRAMATIQUE

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Une histoire peut être linéaire, c’est-à-dire qu’elle présente un début, un milieu et une fin. C’est l’ordre habituellement retenu. Parfois, c’est un peu désordonné comme Pulp Fiction ou Memento.
Considérons cependant que l’autrice et l’auteur optent pour un déroulement linéaire de tous les événements. Ceux-ci sont généralement liés par une relation de causalité (un événement a lieu parce qu’il est relatif à un événement qui l’a précédé). Ces faits s’accumulent créant une sérialité qui aboutit à une résolution dramatique. C’est une approche mécaniste des choses.

Toutes les pensées de l’auteur ou de l’autrice, ses idées, ses mots, les scènes et les dialogues se combinent pour donner au lecteur/spectateur un tout que l’on nomme une fiction dramatique. Ce tout est différent des parties qui le composent. L’assemblage des parties en un tout ne se fait pas naturellement. On ne peut poser sur le papier quelques dizaines d’événements et espérer obtenir une histoire qui fasse sens.

Une structure

Construire une fiction, c’est d’abord l’étayer avec une structure.
Pour Syd Field, la structure fondamentale d’une œuvre dramatique se décompose en quatre moments : un début, un milieu et deux événements majeurs qu’il nomme Plot Point 1 et Plot Point 2.

Selon Field, ces quatre moments dramatiques devraient être connus avant de commencer le processus d’écriture. Le modèle que propose Field est le suivant : pour ceux qui pourraient penser que suivre un paradigme serait comme incarcérer sa créativité, considérons seulement que le modèle que propose Syd Field est un moyen parmi d’autres de faire passer le plus efficacement possible son message à la lectrice et au lecteur.

Construire la ligne dramatique

Un début (Acte Un), un milieu (Acte Deux) et une fin (Acte Trois). Le début se lance avec une scène ou une séquence d’ouverture et s’en va jusqu’au Plot Point 1 qui marque l’entrée dans l’acte Deux. Le milieu commence à la fin du Plot Point 1 et se termine au Plot Point 2. Et la fin débute à la fin du Plot Point 2 et se termine au dénouement de l’histoire.

Tout ce qui se produit dans chaque acte se totalise pour former pour chaque acte une unité d’action dramatique. Cette unité d’action dramatique possède elle aussi un début et une fin. Ainsi de l’acte Un :

Construire la ligne dramatique

Pour Syd Field, comme il y a un point de départ et un point d’arrivée, c’est forcément un tout en soi qui, combiné aux deux autres actes, donnera un autre tout qui est l’histoire. Le Plot Point 1 est une articulation du récit (un événement) qui lui donne une inflexion et l’oriente dans une toute autre direction : l’acte Deux.
La mise en place est le contexte dramatique. Ce contexte est un contenant et sert de liant aux éléments dramatiques qu’il maintient en place. On ne peut poser sur le papier du contenu sans qu’il s’inscrive dans les limites d’un cadre (le contexte).

structureEst-ce que le contexte délimite des frontières à la liberté créatrice de l’auteur et de l’autrice ? Nous ne le pensons pas puisque la créativité s’applique au contenu. Le contexte ne fait que l’ordonner. Prenons, Guernica, cette œuvre de Picasso. Lors de l’Exposition Universelle juste avant le début de la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’un officier allemand demanda à Picasso : c’est vous qui avez fait cela ? Froidement Picasso répondit : Non, c’est vous.
Cette cette différenciation que nous faisons entre contexte et contenu.

Cet acte Un qui définit le contexte dramatique de l’histoire introduit le personnage principal, établit la prémisse dramatique (ce dont parlera l’histoire) et installe la situation.

L’acte Deux

L’acte Deux est aussi une unité dramatique. Il est au cœur du scénario et il est l’espace de l’action. Le Plot Point 2 à la fin de l’acte Deux articule de nouveau le récit et l’oriente vers l’acte Trois, le moment de la résolution et du dénouement.

Syd Field nomme confrontation le contexte dramatique qui lie les événements de l’acte Deux. Au cours de cette unité d’action dramatique, le personnage principal rencontre obstacle après obstacle qui tentent de l’empêcher de réaliser ce qu’il veut dans cette histoire. C’est-à-dire son désir.
Lorsque l’auteur et l’autrice ont défini précisément ce désir, il leur est alors plus facile de concevoir les obstacles les plus pertinents pour contrecarrer ce désir. L’histoire devient donc celle d’un personnage qui passe son temps à surmonter les obstacles qui sont jetés sur son chemin par l’autrice et l’auteur afin qu’ils ne réussissent pas à accomplir ce désir.

Quant à l’acte Trois, il ne déroge pas à la règle. Il est lui aussi une unité dramatique qui a un début, un milieu et une fin. Syd Field le nomme résolution parce qu’il répond à la question dramatique principale : est-ce que le héros réussira ou non à réaliser son objectif ?
En somme, il s’agit de la solution de l’histoire.

Un mouvement interne à chaque acte

Chaque acte possède une direction entre le début et la fin. Il y a un point de départ et un point d’arrivée (ce qui détermine en quelque sorte l’acte).

Le récit se construit en unités dramatiques, c’est-à-dire en un acte Un, un acte Deux et un acte Trois. Les actes sont constitués d’une série de scènes (qui peuvent s’assembler en séquence).
Syd Field donne l’exemple de Thelma et Louise :

  1.  Louise est au restaurant où elle travaille comme serveuse.
  2. Louise appelle Thelma au téléphone pour lui proposer de s’échapper toutes deux pendant deux jours.
  3. Thelma est avec Darryl et ne lui parle pas de cette escapade avec Louise.
  4. Thelma et Louise se prépare pour leur voyage.
  5. Louise passe prendre Thelma.
  6. Elles se dirigent vers les montagnes.
  7. Thelma demande à ce qu’elles s’arrêtent de rouler.
  8. Elles font un arrêt au Silver Bullet.
  9. Thelma rencontre Harlan.
  10. Thelma boit un peu trop.
  11.  Harlan et Thelma danse mais Thelma se sent malade.
  12. Harlan entraîne Thelma à l’extérieur.
  13. Il tente de la violer sur le parking.
  14. Louise tue Harlan.

C’est un résumé des événements qui se produiront dans l’acte Un. Ce sont des jalons qui serviront de guide lors du processus d’écriture du scénario. Lorsqu’il est indiqué que Louise tue Harlan, par exemple, cela se traduira définitivement en une séquence pas seulement une scène.
Et cette séquence correspond au Plot Point 1.

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