LE CONCEPT, MIEUX QUE L’HISTOIRE

4.5
(2)

Lorsqu’on cherche à définir une histoire, les mots se bousculent, s’éparpillent en tous sens et en conséquences, la définition reste assez obscure.
On part du portrait de personnages, on expose des choses mais tout cela en fin de compte ne fait pas une histoire.

Si l’on se rapporte au concept, on n’est souvent pas plus avancé. Le concept possède une définition plurielle et s’accorde avec le contexte dans lequel il est utilisé. Là aussi, la définition aurait bien besoin d’être un peu plus éclairée.
Nous pouvons néanmoins tenté une approche en reconnaissant que le concept est par nature différent (même de manière assez subtile) d’une idée ou bien d’une prémisse (si le concept cependant mentionne déjà un personnage dans l’équation, il est alors synonyme de prémisse). Et qu’il est foncièrement différent du thème.
Concept et thème sont souvent confondus ce qui ne facilite pas la compréhension du concept de… concept.
On a donc pris l’habitude d’interchanger dans nos conversations les notions d’idée, de prémisse et de concept. Ce qui pour un auteur s’avère problématique parce que la notion de concept est à l’origine même de son projet.

La nécessité du concept

Vous avez une idée. Mais si elle ne peut être un concept, alors votre projet est comme condamné d’avance. Considérons l’idée d’un voyage. Cette idée ne suffit pas à écrire une histoire. Tentons une prémisse : le personnage principal emmène son père avec lui pour tenter de réparer les pots cassés depuis de nombreuses années.
Nous avons un personnage principal et une force antagonique (le père) et le conflit potentiel en est presque intuitif.

Mais le concept ?
Considérons un autre exemple. L’idée serait de faire remonter des profondeurs un sous-marin échoué. Nous avons le germe d’une histoire virtuelle mais l’idée n’est que la partie souterraine d’un projet. De l’idée à l’accomplissement efficace d’une histoire, c’est le néant.

Nous pouvons aller plus loin avec cette fois une prémisse : un héros est assigné à cette mission de sauvetage mais ses efforts seront contrariés par un mystérieux navire qui ne veut manifestement pas que le sous-marin soit secouru.
Et nous pouvons alors établir le concept. Il s’agit de suggérer que des secrets sont cachés dans le sous-marin et que certaines forces sont prêtes à tuer pour que ceux-ci ne soient pas révélés. Nous pouvons alors nommer ce concept (c’est-à-dire lui donner du sens) comme nous le voulons : conspiration, secrets d’état ou bien des démons auraient aborder le sous-marin…

Le concept est ce qui va donner de la chair à l’idée et justifier la prémisse. Il est important de parvenir à distinguer idée, concept et prémisse parce que cela guidera l’auteur lorsqu’il planifiera (hautement recommandé) son histoire et qu’il l’écrira.

Et l’histoire devient possible

Un concept est une idée qui a évolué jusqu’au point où une histoire devient possible. Il est la fondation de l’histoire. Un concept pose une question et l’histoire en est la réponse. Une idée est trop obscure, trop incertaine pour qu’on puisse créer quelque chose à partir d’elle (du moins en matière de fiction).

Le concept s’interroge par Et Si… ? Considérez une héroïne qui a été amputée en-dessous de l’un de ses genoux. Maintenant, l’idée est d’écrire quelque chose à propos d’une danseuse de ballet. Quel pourrait être le concept ?
Et si… une danseuse de ballet à la carrière prometteuse était victime d’un accident et que malgré tous les préjugés à son encontre continuait malgré tout de persévérer et de devenir la danseuse de ballet qu’elle a toujours voulu être ?

L’idée est au cœur de l’histoire. Vouloir écrire quelque chose sur une danseuse de ballet n’est pas anodin. Mais le concept étend l’idée. Il la dépasse. Le concept pose une question qui exige une réponse. C’est dans cette puissance que l’histoire peut exister.
Une idée ne pose pas de question. Elle ne possède pas en soi un aspect dramatique.

Le concept n’est pas l’intrigue

Il y a intrigue lorsque du conflit se manifeste. Le conflit est mentionné ou suggéré dans la prémisse. De plus, parler d’intrigue implique une structure. La structure aide à la compréhension de l’histoire.
Si vous avez en tête un personnage sur lequel vous souhaitez écrire, vous ne parviendrez à un concept que si vous donnez quelque chose à faire à ce personnage, quelque chose qu’il doit accomplir ou bien contre lequel il doit survivre.

Il n’y a pas non plus d’intention particulière dans un concept (en un autre mot, le concept n’est pas thématique par nature). Si vous souhaitez écrire sur l’infidélité ou bien  sur le sevrage d’une addiction, ce sont des thèmes mais posés tels quels, ce ne sont pas des concepts.
Vouloir écrire sur un policier véreux par exemple est encore plus précis puisque vous possédez à la fois un personnage et un thème. Accoupler un personnage avec un trait de personnalité le définissant est souvent porteur d’un thème mais là non plus, nous n’avons pas de concept.

Pour qu’une idée devienne un concept suffisant pour une histoire, l’approche la plus efficace est encore de trouver des propositions Et si… ?
Vous vous ouvrez ainsi des horizons vers des histoires possibles. Vous dépassez la page blanche avec le concept alors que l’idée ne vous place seulement qu’en face d’elle.

Et il suffira d’introduire un personnage pour en faire une prémisse. Prenons le concept :
Et si… le personnage principal nous parlait des cieux après son propre meurtre ?

Pour que ce concept devienne prémisse, il faut alors définir quelle sera la quête de ce personnage principal, c’est-à-dire son objectif dans l’histoire.
Supposons que le personnage principal soit une jeune fille qui ne peut trouver la paix dans les cieux parce que son meurtre n’a pas été élucidé. Son problème cependant est que sa famille ne peut pas non plus trouver la paix, ne peut faire le deuil de leur enfant. Ce personnage principal va alors intervenir des cieux pour que la vérité sur son meurtre soit révélée. Si elle réussit, sa famille acceptera enfin de faire son deuil et, quant à elle, elle pourra reposer en paix.

Un concept étendu

La prémisse prend le concept et l’étend à son tour. Au cœur de la prémisse, il y a le concept. Quant au thème, il porte la signification de l’histoire. Le thème n’est pas descriptif de l’intrigue. Il n’est pas prescriptif non plus car il n’impose pas de point de vue (il serait propagande dans ce cas). Et il est encore moins prédictif du comportement des personnage.

Le thème donne du sens à l’histoire. Il est un acte de communication qui s’adresse au lecteur. Si le thème est le sevrage d’une addiction, par exemple, qu’est-ce que cela implique pour le lecteur ? Qu’est-ce que cela signifie pour lui ?
En quoi ce thème peut-il illuminer le monde réel ? Le thème agit dans la sphère du réel, hors de l’histoire. Il interpelle le lecteur et ne peut donc être un concept.

En conclusion, réfléchissez au concept en soi et ne le confondez pas avec l’idée, le thème ou la prémisse.

Comment avez-vous trouvé cet article ?

Cliquez sur une étoile

Average rating 4.5 / 5. Vote count: 2

No votes so far! Be the first to rate this post.

Cet article vous a déplu ?

Dites-nous pourquoi ou partagez votre point de vue sur le forum. Merci

Le forum vous est ouvert pour toutes discussions à propos de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.