LA CAUSALITÉ AU CŒUR DE L’INTRIGUE

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S’il y a une raison à toutes choses, l’esprit qui est à la recherche de vérités premières devra à bout de souffle accepter plutôt des principes et ne pas chercher à démontrer au-delà de ceux-ci.
Pour un auteur, il est plus efficace cependant d’admettre qu’il y a toujours une cause, que rien  ne vient de rien et qu’il y a toujours une réponse à un pourquoi.

Et les histoires dans tout cela ? Nos regards se portent vers elles parce que nous voulons comprendre la réelle raison des choses, pourquoi quelque chose est advenu, pourquoi quelqu’un a fait ce qu’il a fait.
Raconter une histoire apporte plus de lumières sur les personnes et le monde qui nous entoure que ne saurait le faire un assidu suivi des actualités.
Pour que le lecteur comprenne, il a besoin d’une progression plausible et claire des événements dans un rapport de causalité. C’est le pourquoi d’un événement ou d’une action.

Une aide à l’écriture

Expliquer la logique des choses permet de planifier plus aisément son histoire. A la fois sur le plan intérieur en se posant la question de savoir comment les croyances et le passé du personnage influent si fortement sur sa situation actuelle et sur le plan extérieur, ce sera la réaction des autres personnages et du monde aux actions du personnage.

Le principe de causalité permet d’organiser la structure de son histoire lui donnant un matériel logique qui permet de s’assurer que chaque événement en déclenche un autre. Cela donne de la signification à ce qu’il se passe dans l’intrigue. L’auteur et le lecteur comprennent comment ils en sont arrivés à une situation à n’importe quel moment de l’histoire.
Ce qu’il se passe dans l’histoire n’est jamais forcé.

La loi de cause et effet peut-elle rendre l’histoire prévisible ? Si l’on considère qu’elle offre des possibilités narratives et que chacune d’entre elles peut s’expliquer par un événement précédent (y compris d’avant l’histoire), le choix qui s’offre à l’auteur n’est peut-être pas infini mais suffisamment large pour ne pas laisser prévoir trop aisément.

La causalité se définit aisément. Quelque chose s’est produit et en conséquence de cela, quelque chose d’autre est advenu. C’est un résultat possible parmi toute une offre de conséquences possibles. Et parmi celles-ci, vous pouvez toujours opter pour celle qui prendra votre lecteur à contre-pied.

Se contenter des événements en surface sans les relier laisse le lecteur en position d’observateur. Si vous ne lui proposez que des conclusions, il gardera une froide distance envers ce qu’il se passe dans l’intrigue.
Ce que l’auteur doit rechercher, ce n’est pas que son lecteur anticipe les événements mais plutôt qu’en tant qu’auteur, il anticipe les réactions de son lecteur.

Les souvenirs comme vérités premières du personnage

Comme dans la vie réelle, on peut admettre pour ses personnages que nous sommes la somme de nos souvenirs, de nos expériences, de toutes ces choses qui ont fait de nous ce que nous sommes maintenant.
Lorsque le contour indéfini d’un personnage semble germer dans l’esprit de l’auteur, nous supposerons qu’il va lui falloir se construire et que cette construction ne cessera qu’au dénouement. Après l’histoire, le personnage restera dans l’esprit du lecteur mais retournera à son propre néant.

Lorsque l’auteur introduit son personnage principal dans l’acte Un, celui-ci ne peut cependant pas commencer seulement à se construire. Il a déjà un vécu et dans l’intrigue, il continue à élaborer sur ce vécu.
Il se définit par ses actes. On pourrait objecter qu’en est-il de son libre-arbitre ? Si tous ces faits et gestes sont des conséquences de toutes ces expériences passées ?

C’est une question intéressante mais je n’ai pas vraiment de réponses à apporter pour le moment et je ne sais pas si je cherche aussi à développer cet aspect. Mon propos ici est de proposer un moyen de mettre sur le papier une certaine profondeur de mon personnage.
En décidant arbitrairement donc que mon personnage est la somme de son passé, je me facilite son écriture en me donnant un guide pour ses actions dès qu’il apparaît dans l’histoire.

Et la trajectoire de causes et d’effets que je cherche à mettre en place en-dedans du personnage ainsi qu’à l’extérieur propulsera toute l’histoire dès l’acte Un jusqu’au dénouement et peuplera l’intrigue avec les événements qui vont bien avec ce que j’ai à dire.
Et cette trajectoire ne commence pas avec la page une du scénario mais s’enracine dans le passé du personnage hors du présent narratif. Puis au présent, elle continue sur son erre relancée régulièrement jusqu’au dénouement.

Les forces d’opposition

Le passé du personnage principal est probablement le substrat d’où émergera ce qu’il va s’opposer à lui tout au long de l’intrigue. A la fois intérieurement mais aussi extérieurement.
On peut commencer à décrire certains moments dans la vie de ce personnage où les valeurs acquises et un désir se sont opposés pour déboucher sur une décision importante.

Cette décision sera le fruit des fausses valeurs dont est empreint le personnage. Elles furent le facteur décisif de ce choix majeur qui a orienté sa vie dans une direction qu’il n’aurait pas dû prendre.
Et c’est précisément dans cet état que le lecteur le découvre au cours de son exposition dans l’acte Un. Il est donc important de travailler son personnage avant de le lancer dans l’histoire. Il est même probable qu’à ce moment de votre réflexion, vous ignoreriez encore quand commencera l’histoire.

Au cours de sa vie passée, votre personnage principal a pris des décisions comme résultat de la lutte qu’il ne cesse de se livrer entre les choses qui se sont ancrées en lui par ses expériences positives et négatives et le désir qu’il peut avoir pour donner un sens à sa vie.
Vous savez aussi quelle histoire vous souhaitez raconter. Et avec cela en tête, vous pouvez matérialiser sur le papier certains événements majeurs de la vie de votre héros qui feront sens avec l’histoire en devenir.

Les événements passés (et bien souvent, il n’en ressort qu’un) doivent avoir des ramifications dans le présent de l’intrigue. Une conséquence telle qui retient le personnage d’avancer dans sa vie. Si par exemple, votre héros a connu une rupture brutale et douloureuse 10 ans avant que l’histoire ne débute, il en a conçu une suspicion envers toutes les femmes qu’il rencontre et cette méfiance qui ne lui est pas naturelle saborde toutes les relations qui pourraient aboutir sur un amour durable et sincère (son objectif, pourtant).

Et les tribulations qu’il connaît au cours de l’intrigue ne feront que renforcer cette faiblesse du personnage. Jusqu’à ce qu’il se révèle à lui-même.

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