ARCHETYPE : LE NON CONFORMISTE

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Cet archétype cherche à se distinguer du groupe dans lequel il a été jeté de par ses conditions sociales. En se conformant aux exigences d’un autre groupe ou d’un idéal particulier, le non-conformiste est capable de créer un sens d’appartenance mais aussi de se faire accepter.

En renforçant ce sentiment d’appartenance à un groupe ou un idéal, le non-conformiste justifie son existence mais ce faisant, il cause des difficultés ou de la souffrance à ceux auxquels il appartenait d’abord.
C’est ainsi qu’un non-conformiste pourrait très bien tenir la fonction de l’antagoniste dans une histoire. Le non-conformiste opère généralement selon deux modes d’être : soit il cherche à personnifier sa propre excellence pour le regard des autres et dans le même temps, il cherche à discréditer des rivaux actuels ou potentiels qui remettraient en question ce qu’il estime être son droit à la différence.

Le non-conformiste agit donc continuellement pour prouver aux autres ou à lui-même qu’il s’est conformé avec succès à un idéal ou un groupe social qu’il a identifié comme de valeur.
Mais est-ce vraiment un jugement de valeur ? Car cet archétype va trouver et exploiter les échecs d’autres qui ont tenté eux aussi de se conformer à l’idéal ou au groupe social visé par le non-conformiste sans pour autant réussir à s’intégrer.

Profitant ainsi des faiblesses d’autrui, on peut supposer que les actions immorales lui sont coutumières. D’où la tendance d’orienter ce personnage dans le camp opposé à celui du héros (qui appartient encore au groupe dont le non-conformiste cherche à s’exclure).
Un héros, d’ailleurs, pourrait être aussi non-conformiste mais dans ce cas, il tomberait sous les caractéristiques du rebelle (qui est un autre type d’archétype).

Lorsqu’il cherche à s’intégrer dans un nouveau groupe social, le non-conformiste se trouve en concurrence avec d’autres personnages, comme si les tickets d’entrée étaient parcimonieusement distribués. Il sera très attentif à l’influence de ses rivaux potentiels et testera publiquement si leur engagement est véritablement sincère et fidèle aux valeurs du groupe.
S’il se trouve en concurrence avec le héros, les situations conflictuelles ne manqueront donc pas de se produire.
Le non-conformiste est une description et une explication suffisantes pour justifier la présence d’un antagoniste dans l’histoire.

Comme il ne pourra pas se débarrasser du personnage principal immédiatement (tentant de mettre à jour une incompétence à intégrer le groupe), le non-conformiste appuiera sur la faille du héros pour le mettre en difficultés. Il va en conséquence concevoir un plan qui nourrira l’intrigue et permettra au héros lors du climax de surmonter cette faiblesse parachevant ainsi son arc dramatique.

Le mépris

Le non-conformiste n’éprouve que du dédain envers autrui. Pourquoi ? Parce qu’il ressent comme une hostilité l’incompréhension des autres à vouloir quitter leur groupe.
Et souvent, lorsqu’il a intégré le nouveau groupe, et même s’il a pleinement accepté les valeurs nouvelles, il se trouve en butte contre les personnages locaux qui éprouvent envers lui une sorte de rejet, de répulsion.
Et le non-conformiste réponds alors par une réaction émotionnelle de mépris. Enfin, peut-être d’abord une incompréhension puis du mépris voire comme une volonté de violence pour que cesse ce malaise qu’il en conçoit.

Lorsqu’un personnage emprunte quelques traits à cet archétype, il arrive dans l’histoire comme s’il connaissait tout ou du moins assez pour se forger des certitudes. Il s’ensuit un besoin constant de contrôler l’information.
Et partant du principe que l’information est le meilleur moyen de contrôler une situation, il n’hésite pas à mettre sous sa coupe ceux qui la détiennent (et ce, jusqu’à soit la rétention d’information, soit l’extorsion d’information si cela s’avère nécessaire pour l’accomplissement de ses desseins).

L’information étant la clef, cela lui permet souvent d’avoir un temps d’avance sur ceux qu’il considère soit comme des rivaux, soit carrément comme des ennemis.

Son passé

Il faut tenter de comprendre pourquoi le non-conformiste ressent le besoin de nouvelles valeurs, d’un nouvel idéal. Quel type de sécurité cela peut-il lui apporter et qui manifestement lui manque ?

Qu’est-ce qui a pu créer en lui ce besoin de fuir un milieu pour trouver ailleurs ce qui lui permettrait de s’accomplir ? Peut-être était-il un enfant un peu enveloppé, un peu timide et objet de moqueries… Ce serait alors comme une sorte de revanche contre cet environnement dans lequel il fut jeté et qui pourtant l’a rejeté.

Ses parents n’ont peut-être pas su ou pas voulu lui donner tout l’amour qu’un enfant mérite ou au contraire l’ont poussé à réussir ce qui impliquait de changer de classe sociale, par exemple. Quoi qu’il en soit, il est probable que le non-conformiste ne s’est jamais senti en sécurité au cours de son enfance.
Ce mépris des autres et ce besoin de s’extraire de son groupe pour rejoindre une communauté plus élitiste (comme pour un nouveau riche) revêt certainement les atours d’une revanche sur la vie.
Et une façon de montrer non pas tant sa réussite mais sa différence.
Ce qui occasionne d’ailleurs des moments conflictuels avec son nouveau groupe.

Il est possible aussi que quelqu’un ou quelque chose de son ancienne communauté le laissait impuissant et que c’est pour reprendre le contrôle de sa vie qu’il jugea qu’il devait quitter cette communauté et tenter de s’épanouir dans une autre.
Si vous faîtes un héros de cet archétype, ce peut être aussi la dissolution de sa propre famille due à un contexte historique qui peut avoir poussé votre personnage à fuir sa situation actuelle.

Votre personnage pourrait même avoir été initié à des expériences interdites dans sa propre communauté et qu’il aspire à retrouver comme un droit qu’on lui refuserait.
Peut-être a t-il développé la croyance en une vie meilleure (par la religion par exemple) et cette volonté de connaître peut se faire, le cas échéant, contre des personnages que son action touchera peu ou prou.

Ses faiblesses

Le mépris que cet archétype éprouve envers autrui est certainement sa faiblesse la plus marquée. S’il est antagoniste, c’est par ce biais qui pourrait se manifester comme un refus d’intégration sociale (comme Orange mécanique) qu’il peut être vaincu.
Si votre personnage principal emprunte des traits de la personnalité d’un non-conformiste, le malaise qu’il ressent dans la banalité de son quotidien peut être la cause de tribulations qui le mèneront soit à déchirer le voile et à découvrir en lui ses propres vérités soit à échouer misérablement sans atteindre à la plénitude de son être.
C’est un choix d’auteur.

Pour affirmer ses certitudes, le non-conformiste a tendance à occulter certains aspects de la réalité que ce soit ceux des situations dans lesquelles il se trouve, soit dans le jugement qu’il porte sur autrui. Ce manque de lucidité dans l’évaluation peut expliquer en partie sa déviance et certainement le confronter à l’incompréhension des autres personnages.

Son besoin de respirer un autre air est une conséquence des expériences de son passé. La biographie d’un personnage est une description des événements les plus marquants de son enfance car cette période est certainement la plus éloignée du quotidien du personnage lorsque nous faisons sa connaissance dans le présent de l’histoire. L’auteur va donc inventer un contexte dans lequel ces conséquences pourront s’exprimer.
Dans cette situation contextuelle mise en place par l’auteur, le non-conformiste fera la démonstration d’une insensibilité par exemple par l’indifférence face à une détresse humaine. Cette indifférence est à comprendre comme une incapacité à juger si ce qu’il observe est bien ou mal.
Puisqu’il ne sait pas évaluer correctement, il ne peut savoir si quelque chose est pertinent ou approprié à l’émouvoir ou à le faire agir sans que cela représente un risque pour ses certitudes.

Son intransigeance est aussi un des traits marquants de cet archétype. Elle le mène parfois à des conduites irraisonnées. Mais c’est ce qu’implique aussi une telle transgression des normes admises.

Un exemple de non-conformiste
O-Ren Ishii

Elle est un personnage de Kill Bill. Un chapitre entier lui est consacré dans le premier film. Raffinée, disciplinée, calculatrice et impitoyable, elle est l’une des vipères assassines de Bill.

O-Ren est devenue tueuse à gages après avoir assisté au meurtre de ses parents par un chef Yakusa. Elle assouvit sa vengeance dès l’âge de 11 ans.
Après l’épisode de El Paso, O-Ren quitte les vipères assassines et rejoint les Yakusa devenant en fin de compte le chef d’un clan.

Un point significatif et conflictuelle pour O-Ren est son héritage culturel : ses origines chinoise, américaine et japonaise sont sources de ségrégation par les autres Yakusa.
Après avoir supprimé et défié les autres chefs de clan qui remettaient en cause sa position de leader, elle parvint à démontrer aux rivaux potentiels (tout comme au lecteur) qu’elle possédait les qualités requises comme chef de clan et comme Yakusa.
Par son habileté et sa réputation d’assassin, elle réussit donc à s’intégrer.

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