AIMER DÉTESTER L’ANTAGONISTE

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Pour détester l’antagoniste, il nous faut comprendre ses motivations. Il faut pouvoir reconnaître pourquoi il agit comme il le fait. En un mot, il est crédible.

Il existe parce qu’il a une personnalité. D’aucuns diraient une conscience. Il a un but dans cette histoire. Et même si sa fonction est d’empêcher le héros de réaliser son objectif, ce sont deux consciences qui vont s’opposer dans une lutte sans merci.

Car sa fonction ne détermine pas son objectif. Il doit bien avoir une raison qui le pousse à vouloir nuire au héros. Pour le lecteur, cette motivation doit être claire et distincte.
Il est préférable de parler d’antagonisme car il peut être un personnage comme une entité tel un système social qui serait négateur de l’individu, par exemple.
Il n’a pas être forcément un méchant de l’histoire mais il doit démontrer cependant un type quelconque d’opposition envers l’objectif du personnage principal.

Une émotion

L’antagoniste doit émouvoir son lecteur, mais d’une façon différente du héros. On doit pouvoir ressentir envers sa personne de la haine, du mépris, de l’indignation ou de l’abomination.

Le lecteur peut être en désaccord avec les moyens dont il se servira pour atteindre le héros mais il doit vraiment comprendre pourquoi il agit ainsi. Ne posez pas un antagoniste dans l’histoire en même temps qu’une gratuité de ses actes.
Il faut rechercher la cause. Pourquoi agit-il ainsi ?
Ainsi, même dans un registre fantastique, vous ajoutez la touche de réalisme qui permet au lecteur soit d’aimer soit de détester un personnage. En l’humanisant.

Quelques astuces
  • Ne faites pas de votre antagoniste un personnage à une dimension répondant davantage du stéréotype que de l’archétype. Un archétype peut être un être complexe avec des traits de personnalité spécifiques.
  • Les comportements et les motivations de l’antagoniste doivent être suffisamment fouillés afin d’être plausibles dans le contexte de l’intrigue. Le lecteur doit comprendre ses motivations même s’il est en désaccord avec ses agissements.
  • Un antagoniste fonctionne comme le protagoniste. Il doit risquer quelque chose. Les enjeux sont tout aussi importants pour lui que peuvent l’être ceux du héros.
    Qu’a t-il à perdre s’il ne parvient pas à stopper le héros ? Comment justifier la nécessité qu’il ressent à vouloir abattre le protagoniste ?
  • L’antagoniste doit être vulnérable. Il possède des faiblesses tout comme le héros et comme tout un chacun d’entre nous. Ne l’en privez pas.
    Rendez-le émotionnellement complexe, mystérieux, imparfait et pourquoi pas, avec un sens certain de l’humour. C’est ainsi que vous le rendrez fascinant auprès du lecteur. Faites en sorte que le lecteur ne puisse détourner son regard de lui, même s’il éprouve une certaine répulsion.
  • En établissant clairement et distinctement le but et les intentions de l’antagoniste dès l’acte Un, vous élèverez dans le même coup les enjeux du protagoniste. Et vous rendrez le parcours de ce dernier dans l’intrigue bien plus intéressant.
  • Attendez le climax pour résoudre la problématique lié à l’antagoniste. Ou le héros le vainc ou bien l’antagonisme emporte la partie. C’est selon le message de l’auteur. Mais cette question dramatique ne devrait pas être résolue avant cette ultime confrontation entre ces deux personnages cruciaux d’une fiction.
Le point de vue de Dramatica

Dramatica distingue le protagoniste qui est la force principale qui tente d’atteindre un objectif (dénommé Story Goal par cette théorie) et le personnage principal qui est le personnage qui permet au lecteur de faire l’expérience de l’histoire (à travers les yeux du personnage principal en quelque sorte).
Lorsque le protagoniste et le personnage principal sont les mêmes (le même player selon le vocabulaire de Dramatica), il correspond alors à l’archétype du héros. Il faut retenir que le protagoniste remplit une fonction alors que le personnage principal est celui qui permet d’établir un lien émotionnel entre le lecteur et l’histoire.

Considérés sous l’angle de leurs fonctions dans l’histoire, les personnages sont alors désignés comme des personnages objectifs. Ainsi, le personnage principal qui n’a pas de fonction particulière dans l’histoire n’est pas un personnage objectif, mais un personnage subjectif. Ne pas posséder de fonction ne frelate cependant pas l’importance du personnage.
Les personnages objectifs sont en quelque sorte des archétypes comme le protagoniste et l’antagoniste. La fonction du protagoniste est de poursuivre un but et celle de l’antagoniste est de tenter de l’empêcher d’accomplir ce Story Goal.
Ce qu’il se passe entre eux deux est décrit par une ligne dramatique que Dramatica nomme Overall Story Throughline. Tout au long de cette ligne dramatique, ces personnages ne changent pas leurs fonctions.

D’autres personnages ont un point de vue plus subjectif sur l’histoire. Dans de nombreuses fictions, il existe un personnage qui met en relief le personnage principal. Il est dénommé Influence Character parce qu’il a une forte influence sur le personnage principal.
Nous vous conseillons la lecture de
LE PROTAGONISTE… ET LES AUTRES
afin d’avoir une approche de l’Influence Character sous l’archétype du Sidekick.
Sommairement, l’Influence Character porte une autre perspective sur le problème du personnage principal. Et elle est tout à fait justifiée. Ce qui pousse le personnage principal à réexaminer sa situation ou du moins son approche pour résoudre son problème.
Ces personnages sont dénommés subjectifs parce qu’ils voient l’histoire et les événements de l’intrigue selon leur point de vue personnel, donc subjectif.

L’évolution des personnages (c’est-à-dire l’arc dramatique) se produit chez les personnages subjectifs (dont le personnage principal et l’Influence Character). Elle n’a pas lieu chez les personnages objectifs (dont le protagoniste et l’antagoniste).

Néanmoins, les personnages objectifs et les personnages subjectifs peuvent être combinés. Par exemple, lorsque le protagoniste et le personnage principal sont fondus dans le même personnage.
Quant à l’Influence Character, il peut être un mentor, un sidekick et parfois l’antagoniste.
Ce sont des arrangements tout à fait valides.
Donc lorsque l’antagoniste est aussi un personnage subjectif, il peut alors connaître tout comme le personnage principal une évolution dans sa personnalité. Il peut devenir autre à la fin de l’histoire.

Par contre, lorsque l’antagoniste se limite à sa fonction d’opposant du personnage principal, il ne peut suivre un arc dramatique. Il lui manque cette subjectivité qui fait de lui une véritable conscience de soi. C’est alors à l’auteur de décider ce qui est mieux pour son message. Doit-il ou non donner à son antagonisme un arc dramatique pour lui permettre d’évoluer lui aussi au cours de l’histoire ?

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